Une publication du 20 octobre dernier sur le groupe Facebook « Alliance des États du Sahel (AES info 24/7) » par un internaute nommé Fayçal Alhousseini affirme que le Niger a sanctionné la CEDEAO en interdisant l’exportation de céréales vers ses pays membres. Cette mesure serait une nouvelle étape dans la quête de souveraineté des pays de l’AES.

Selon cette publication, le Niger a franchi un pas décisif vers la souveraineté en interdisant l’exportation de céréales vers les pays de l’organisation communautaire, à l’exception du Burkina Faso et du Mali, avec lesquels il forme l’Alliance des États du Sahel (AES). La décision aurait des conséquences lourdes pour des pays comme le Nigeria, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Sénégal, et, dans une certaine mesure, le Togo, qui dépendraient en grande partie du Niger pour leur approvisionnement en céréales, essentielles à leur alimentation.

Présenté comme l’un des plus grands producteurs des produits céréaliers dans la sous-région, le Niger, à travers cette décision, chercherait à sécuriser son marché intérieur tout en renforçant ses liens avec le Burkina Faso et le Mali. La publication souligne également que cette décision reflète la volonté du Niger de bâtir une économie résiliente et de protéger ses ressources tout en solidifiant sa coopération avec ces pays de l’AES.

Sanction de la CEDEAO ou protection de la consommation intérieure ?

Dans un communiqué du Secrétariat général du gouvernement du 16 octobre 2024, le Niger a effectivement interdit l’exportation  des produits céréaliers, notamment le rix paddy, le riz blanc, le mil, le sorgho et le maïs. Cette interdiction ne concerne pas les pays de l’AES. Mais en justifiant cette décision, les autorités nigériennes n’ont pas évoqué de sanction à l’égard de la CEDEAO. La seule raison évoqué est « le souci de protéger l’approvisionnement du marché intérieur » et « rendre accessibles les denrées de grande consommation ».

L’économiste et consultant Dr. Siradji Chaibou souligne qu’il s’agit d’une intervention protectrice de l’économie nigérienne, nécessaire compte tenu de la situation difficile que traverse le pays. L’État a la responsabilité de réguler l’économie, dont l’agriculture est le pilier principal, dit-il.

Le Niger n’est pas un fournisseur majeur de la CEDEAO en céréales

Contrairement à ce qui est  affirmé dans la publication, le Niger n’est pas un fournisseur majeur de la CEDEAO en céréales. Sa production, largement tributaire de la saison hivernale, ne couvre pas l’intégralité de ses besoins alimentaires. En 2023, le pays a même connu des problèmes d’insécurité alimentaire malgré une campagne agropastorale globalement satisfaisante.

En Afrique de l’Ouest, bien que le Niger soit le deuxième producteur de mil et de niébé après le Nigeria, il ne figure pas parmi les cinq premiers producteurs de riz. Selon une étude du Réseau national des chambres d’agriculture du Niger (RECA), la production de maïs est marginale, et celle de riz demeure très faible malgré les efforts en matière d’aménagement hydro-agricole.

En résumé, la mesure d’interdiction d’exportation des céréales par les autorités nigériennes ne constitue pas une sanction contre les pays de la CEDEAO. Elle vise plutôt à garantir la sécurité alimentaire dans un pays qui a récemment subi d’importantes inondations ayant causé des dégâts significatifs sur le plan agricole.

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